C’est le sujet qui envahit tous les écrans, quels qu’ils soient : les trans. Les fameux.ses « shemale » qui ont d’abord été mis.es en scène dans des pornos, pour ensuite être présent.e.s sur les plateformes de streaming parmi les camgirls. Un succès dont comptent bien profiter les plus gros labels.

Le temps des vidéos érotiques et porno vanille est loin derrière nous. Un homme, une femme, c’est trop classique. Comme dans tout univers, on aime la nouveauté. Après le sexe interracial vint forcément celui avec des personnes transgenres. D’ailleurs, une personne s’est démarquée, ce qui a lancé la tendance : Aubrey Kate.

Les premiers début du porno X trans dans les années 70

Longtemps invisibles dans l’imagerie pornographique, il aura fallu attendre les années 1970 pour que les premières femmes trans fassent leur apparition dans l’industrie du X aux États-Unis et la fin des années 1980 pour qu’un homme trans, Les Nichols, soit enfin représenté à l’écran, grâce l’intervention de l’activiste sex-positive Annie Sprinkle. Leur film, A Female-to-Male Transexual Love Story, est toutefois resté confidentiel, comme continue de l’être la transidentité au masculin dans la pornographie.

La première actrice X trans sous contrat

Aubrey Kate est une « shemale », c’est à dire qu’elle est genrée comme une femme mais elle a toujours ses organes sexuels masculins. Cette grande blonde au doux visage et aux mensurations parfaites est un véritable fantasme vivant pour de nombreux hommes. Il faut dire qu’elle était mannequin dans des agences réputées avant de devenir actrice X. Une reconversion qui lui a réussi puisqu’elle a gagné de nombreuses récompenses durant sa carrière, comme celle des Xbiz aux AVN Awards, en passant par les récents TEA [Transgender Erotica Awards].

De plus, elle a accompli un véritable exploit puisqu’elle est la première actrice transsexuelle liée par contrat. C’est le prestigieux label Evil Angel qui lui a eu cet honneur. Celui-ci a contribué, sous la houlette de Joey Silvera, à la montée en puissance du porno transgenre depuis les années quatre-vingt-dix qui est aujourd’hui devenu un marché en soi, avec ses labels, ses sites spécialisés et surtout ses stars.

Et c’est ainsi que les femmes trans ont déferlé sur nos écrans, et qu’on les retrouve avec joie sur les sites de cam. Des fantasmes peuvent enfin se réaliser.

Une actrice X transgenre est-elle passive ou active ?

Elle peut être les deux ! Qu’elle soit « shemale » ou qu’elle est terminée sa transition, rien ne l’empêche d’être dans les deux rôles. Sur les sites, vous pouvez les retrouver dans les catégories « shemale », « transsexuel.les », « transgenres » ou encore « tranny ». Dans la vie du quotidien, restez à transgenre, n’employez pas les autres termes jugés irrespectueux dans la communauté LGBT. Mais dans l’univers de la pornographie et des camgirls, Les termes du type « shemale » ou « tranny » demeurent beaucoup plus utilisés, car jugés plus commerciaux et plus présents dans les recherches sur Internet.

Mais pourquoi une telle ferveur pour les personnes transgenres ?

On pourrait parler de visibilité. Il y a toujours eu cet engouement, cette fascination pour les transsexuel.les. Mais cela ne se disait pas. Comme l’homosexualité. C’étaient des sujets tabous. Ce le sont encore parfois. Rappelons aussi que les trans étaient souvent relégué.e.s à la catégorie des prostituées. Pourtant, le troisième sexe est bien un fantasme hétéro. Iels avaient pour clients principalement des hommes hétéro cisgenres. Peu leur importe tant que la personne ressemble à une femme et qu’ils peuvent être actifs.

Comme l’affirme la sexologue Mylène Leroy, une personne transgenre « dépasse les normes restrictives habituelles en termes de codes d’attractions masculins et féminins. Décriées ou ado- rées, les transsexuelles allient le phallique à tous les symboles de féminité, elles ont le pouvoir de combiner à la fois (pour les non-opérées qui acceptent leur sexe biologique) la virilité par un fonctionnement génital, et une mouvance de femme. »

C’est une sorte de soupape en gros. Un lâcher prise. La personne hétéro peut devenir passive sans se culpabiliser et s’interroger sur sa sexualité. En gros, se taper une « shemale » ne veut pas dire qu’on est gay. Comme le doigt dans le cul. Ce n’est pas facile car l’homme est conditionné à devoir être actif, à être dans la performance pour être un homme, un vrai. Eh bien non. Tout est possible sans que cela vous remette en cause fondamentalement.

Une visibilité plus forte sur les réseaux et dans les média

Il faut ajouter à tout cela que la cause LGBTQI+ a pris  beaucoup plus d’ampleur ces dernières années, tant dans nos films et nos séries que dans nos réseaux sociaux. Avec une visibilité en forte hausse, cela influence forcément notre perception du monde et de la sexualité. Derrière le fantasme pur, réside certainement le désir de franchir le pas. Si cela peut rassurer les hétéros cisgenres, il faut rappeler qu’une personne transgenre définit son identité selon le sexe qu’elle rend visible. Donc si vous matez du porno trans, vous regardez bien une femme.

Une représentation majoritairement féminine

Même chez le troisième sexe, il y a des inégalités. Dans ce cas, en faveur du sexe féminin. En effet, si le porno et les cams trans ont de plus en plus de succès, on peut souligner le fait que les trans MtoF (male to female) sont largement plus représentées que les trans FtoM (female to male). Et une image stéréotypée est déjà véhiculée : celle d’une femme ultra féminine, à la poitrine ultra siliconée et dotée d’un pénis énorme pour défoncer le cul de ses partenaires.

Et c’est un secteur qui plait puisqu’en 2017 déjà, on recensait plus de 23.000 vidéos sont disponibles sous l’étiquette «trans» sur YouPorn et 22.000 dans la catégorie «transsexuelles» sur la version française de PornHub. Et selon les chiffres rendus publics cette année là par le site de streaming canadien, le tag shemale fait partie du top 20 des catégories les plus consultées en 2016. D’ailleurs la chercheuse française Karine Espineira, spécialiste du traitement médiatique de la transidentité et cofondatrice de l’Observatoire des transidentités, déclare à ce sujet : « L’industrie porno sursexualise les trans* à travers de la figure de la femme avec un pénis. C’est la figure récurrente et hégémonique du porno trans* fait par des non-trans* »,

Si cette représentation est avant tout féminine, il faut aussi l’expliquer par le fait que le public qui regarde très majoritairement du porno et va sur les plateformes de camgirls, ce sont des hommes.  Donc le contenu est adapté pour réaliser les fantasmes masculins avant tout.

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